Aujourd’hui, un point d’irréversibilité a été atteint : après une série de crises sanitaires et environnementales et de débats houleux sur certaines options technologiques (nucléaire, OGM), les relations établies entre science, technologie, politique et société ne peuvent plus être les mêmes. Le caractère bénéfique de l’innovation technologique ne va plus de soi, et la confiance du public envers les autorités auxquelles il déléguait traditionnellement la gestion de ces questions a été considérablement ébranlée. Une grande diversité d’acteurs de la société civile – simples citoyens, scientifiques, experts associatifs, associations, réseaux ou collectifs – s’engouffrent dans la brèche ainsi créée et font entendre leur voix.
Parallèlement, les milieux dirigeants politiques ou économiques attendent de « l’innovation » la réponse à tous nos problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Ceci crée un climat favorable à l’adoption, sans véritable possibilité de validation démocratique, de technologies ou de produits dont l’avantage pour la société en général est douteux, et dont les risques sont délibérément ignorés.
À la croisée de ces deux tendances contradictoires, les dispositifs de débat démocratique sur les choix technologiques - les multiples panels, jury citoyens, forums ou conférences de consensus - occupent une place cruciale, mais diffi- cilement tenable. Ils sont aussi nécessaires dans leur principe que controversés dans leurs modalités pratiques d’organisation.
Ce dossier a pour objectif de présenter le travail, les analyses et les propositions des acteurs de la société civile française en matière de démocratisation des choix scientifiques et technologiques.
Il propose une sélection d’articles disponibles en ligne sur divers sites web d’organisations actives dans ce domaine, au premier rang desquelles la Fondation Sciences Citoyennes, VivAgora et Inf’OGM. On y retrouve toute la gamme des technologies actuellement en débat, depuis le domaine énergétique jusqu’aux problématiques agricoles.
Si le débat sur les procédures délibératives et participatives de choix technolo- giques occupe inévitablement une place centrale dans ce dossier, ces articles illustrent aussi la multiplicité et la complémentarité des approches et des niveaux d’action de la société civile, en amont et en aval des débats publics proprement dits – institutionnalisés ou non.
Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont collaboré à la publication de ce dossier.